dimanche 2 décembre 2007

Trafic urbain à Sofia : bientôt l’impasse ?

Avec quelque 400-500 nouvelles immatriculations par jour dans la capitale bulgare, c'est l'asphyxie dans les rues. Il est urgent que la mairie de Sofia agisse.

Entre les voitures garées sur la voie et sur les trottoirs, les dos-d’âne et les nids de poule, le slalom dans les rues de Sofia est tel que soit vous devez être aussi habile (et insolent) qu’un chauffeur de taxi ou un nouveau riche en limousine flambant neuf, soit vous devez renoncer à utiliser votre voiture pour vos déplacements en ville.

Prendre les transports en commun ne change pas grand chose, car pendant les heures de pointe, un bus met entre 12 et 15 minutes pour parcourir à peine un kilomètre. Autant le faire à pied, au moins, c'est meilleur pour la santé.

Avec 400-500 nouvelles immatriculations par jour (750-800 en juin dernier), le problème de la circulation est loin de trouver un règlement à Sofia. C’est que depuis début 2007, avec l’adhésion de la Bulgarie à l’UE, on ne paye plus de TVA pour les voitures d’occasion, importées de l’Union européenne. Ce qui fait que pour 3000-6500 lévas (1 lev = 1,95 euros) ou entre 10 et 20 salaires mensuels moyens, chacun peut s’acheter une voiture d’une dizaine d’années en assez bon état. A cela s’ajoute la mauvaise gestion de la circulation, ce qui du coup fait que le code de la route n’est plus respecté.

Que faire ?

A l'époque où le monde entier parle d'économie d'énergie, de réduction des gaz à effet de serre, la mairie de Sofia devrait s'atteler à introduire des mesures pour améliorer, déjà, les transports publics, en faisant respecter l'interdiction de circuler sur les bandes réservées aux bus, puis mettre en place des allées cyclistes et plus de parkings à des prix accessibles, et, bien sûr, accélérer le lancement de la deuxième ligne du métro de Sofia. L'introduction de taxes pour accéder au centre-ville en voiture s'avère également inévitable. Sinon, les pertes pour l'économie, dues au temps passé dans les embouteillages, continueront à s'accumuler. Sans parler du bruit qui finira par nous rendre tous fous...

Résoudre le problème du trafic à Sofia était une des promesses des candidats qui ont remporté les élections municipales en octobre dernier. Peine perdue : les Sofiotes attendent toujours des résultats...

Lisez aussi notre reportage dans l'enfer des embouteillages.

Serdika, tout le monde descend...

La blogueuse Krisi Staninska a fait une superbe comparaison des métros dans les grandes villes du monde. On a repris son idée, en choisissant quelques capitales européennes pour montrer le fossé qui sépare Sofia du reste du continent.


Le métro à Paris


Le métro à Berlin



Le metro à Bruxelles



Le métro à Londres


Le métro à Madrid


Le métro à Moscou


Le métro à Vienne



Le métro à Stockholm



Et le métro à Sofia...


(ces cartes de métro sont disponibles sur le site Amadeus.net)

Pendant que les usagers galèrent, le Président et le Maire de Sofia s'affrontent

Les embouteillages à Sofia sont devenus une pomme de discorde entre le Président de la République Georgi Purvanov et le maire de la capitale Boiko Borisov. Récit d'un affrontement absurde.




Le maire de Sofia n'est pas content

Le maire de Sofia a envoyé une lettre ouverte aux Président de la République, Premier ministre et Président du Parlement. Il exige que les premiers hommes de l'Etat ne bloquent pas la circulation aux heures de pointes (à l'aide d'un trajet spécialisé baptisé Mizia) : de 8h à 9h30 et 17h à 18h30. Borisov insiste pour que sa demande soit prise en compte lors des visites diplomatiques en Bulgarie aussi.


La réponse du Président


La présidence de la République a diffusé par les médias un rapport expliquant que c'est le maire Borisov qui a utilisé le système Mizia plus souvent que le Président Puvanov. Pour la période du 1er octobre au 20 novembre, le Président a utilisé le système 78 fois dont seulement 12 fois aux heures de pointes. L'administration présidentielle indique que, par contre, le maire de Sofia
a profité du système 84 fois.
Dans la période citée, il n'y avait qu'une seule visite diplomatique : celle du Président de la France Nicolas Sarkozy qui n'a duré 6 heures. Ce n'est pas donc pas très sérieux d'accuser Sarkozy d'être le responsable des bouchons sofiotes !
"Il est temps que les problèmes de la capitale soient honnêtement posés, qu'on cherche des solutions raisonnables et pas uniquement des plans de communication", indique encore l'administration de Purvanov. La présidence demande enfin que le dialogue entre institutions se mène directement entre elles et non par l'entremise des medias.

La réplique instantanée du Maire

Malgré les reproches du Président, le maire a répondu le jour même - toujours avec l'aide des médias. "La réaction du Président n'est pas provoqué par mes revendications sur le trafic et le système "Mizia". Il est fâché parce que je demande que la nouvelle Agence de sécurité soit dirigée par le Parlement et non par le Président.", dit Borisov dans une déclaration envoyée aux médias.
D' après Borisov, le cortège du Président ne bloque pas que les rues du dispositif "Mizia", mais aussi les rues voisines. Borisov exige que le Président l'informe 3 jours à l'avance quand il a de l'intention d'utiliser ce trajet. Borisov lui même s'engage à ne pas utiliser le système sauf dans les cas d'urgence.
Borisov a exigé aussi - toujours avec une lettre ouverte - que le ministre de l'intérieur Rumen Petkov lui donne chaque semaine des statistiques pour savoir qui utilise le système Mizia. Il demande à ce que soit présent dans la liste les jours et les heures exactes de l'utilisation de ce trajet privilégié.

Micro-trottoir : "Il faut être Spiderman pour traverser la route !"

Notre reporter est allé dans les rues de Sofia mesurer le mécontentement des passants. Sans suprise, ils sont excédés ne pouvoir marcher librement sur les trottoirs et de devoir zigzaguer entre les voitures.

Rumiana, 28 ans, dit qu’elle est obligée de marcher sur la route parce que les trottoirs sont remplis de voitures. Elle s’énerve de ces voitures garées, les chauffeurs s’énervent des piétons dans les rues. Bref, tout le monde est sur les nerfs ! D’après elle, c’est la faute des autorités qui n’effectuent pas leur travail.



Anatoly, 24 ans, constate qu’aujourd’hui c’est presque impossible de marcher dans les rues. Le fait qu’il n’existe pas suffisamment de garages et de parkings souterrains dérange aussi bien les chauffeurs, qui n’ont pas d'endroit où se garer, que les piétons qui ne peuvent pas marcher librement.



Mariana, 26 ans, affirme qu’à Sofia, tout le monde est tout le temps en retard au travail ou à l’école à cause des bouchons. D’après elle, tous les chauffeurs se garent sur les trottoirs sans s’intéresser au piétons. C'est un vrai problème pour les personnes âgées et les mères avec des poussettes.



Anna, 27 ans, pense que le stationnement des voitures sur les trottoirs devrait être payant. De cette manière, il y aurait moins de voitures au centre ville et les piétons pourraient marcher librement.

La mairie de Sofia aux abonnés absents

Juste après avoir être réélu, le maire de Sofia Boiko Borissov a annoncé que les experts étaient en train d'élaborer une stratégie de transport urbain pour resoudre les problèmes d'embouteillages et de parking anarchique. Puis l'architecte principal de la ville a présenté son projet de développement de l'infrastructure. Un mois après, comme on ne trouve rien sur le site de la mairie, on essaye de contacter les personnes chargées pour recevoir plus d'information.

On a tenté d'appeller plusieurs fois la mairie... dans le vide ! Il paraît que les numéros de téléphone de la direction "Transport" ou de la direction "Infrastructures de transport" sont mis là uniquement pour endormir le citoyen. Personne ne répond ni le matin, ni l'après-midi et tout le monde sait que la pause de midi est sacrée.

Aucune information sur le site Internet, impossible de contacter les responsables à la mairie : les Sofiotes sont démunis et condamnés aux embouteillages.... au moins jusqu'aux élections municipales suivantes !

Eviter les bouchons bulgares : entre science et miracle ?

Une Agence allemande de logistique des transports et du trafic (PTV) a proposé un logiciel pour la planification des transports et l’ingénierie du trafic en Bulgarie. Malgré l'efficacité de ce logiciel, les institutions concernés en Bulgarie n'ont pas encore réagi alors que la situation du trafic routier est alarmante. Pourrons-nous un jour rouler sur les routes bulgares dans le calme et la bonne humeur?

Une branche bulgare de la PTV allemande a effectué plusieurs essais du logiciel PTV Vision sur différents axes routiers de la ville de Sofia. Ces essais ont permis de démontrer que certains plans d'aménagement routiers, prévus par la mairie, n'étaient pas pertinents, puis de créer une carte de prévisions du trafic routier pour le centre ville de la capitale.

Cette carte est actualisée toutes les minutes grâce au système VISUM qui par l'intermédiaire de webcam et d'autres senseurs électroniques met à jour les données liées à la circulation. Ce type de fonctionnement permet aux personnes intéressées de repérer les bouchons, les routes barrés, les accidents etc.

Actuellement le système de prévention des embouteillages à Sofia est très archaïque. Certaines radios comme Radio Vitosha ou Darrick permettent aux chauffeurs d'appeler à moindre coût les présentateurs d'émission pour signaler à leurs compagnons de route les zones à risque. Que les appels téléphoniques soient interdits au volant passe encore, il est assez énervant d'apprendre que tel ou tel boulevard est bouché alors que l'on est en plein dedans (voir la vidéo).

Alors vivement VISUM dans les rues sofiotes pour ne pas regretter d'avoir acheter une voiture, de l'abandonner en plein milieu de la rue et de partir à l'aventure à la manière du film de Joel Shumacher : Falling Down.

Comment ça marche ?
C'est un système qui s'étend sur trois zones d'exploitation du trafic routier : la planification stratégique, la planification opérationnelle et la gestion du trafic. Pour faire simple, PTV Vision permet d'avoir un regard sur la circulation d'un carrefour, sur la circulation d'une ville et même d'une région... Tout cela grâce à une grande base de données gérée par des codes, des théorèmes, des expressions mathématiques pour donner ce résultat (voir ci-dessous).

Ce système serait très utile pour la ville et pour le pays car il permetterait d'avoir un contrôle du trafic à toutes les échelles. Sofia et les autorités intéressées pourront aussi mieux gérer les feux rouges, les plans d'aménagements routiers, de mieux placer les contrôle policier, de créer de nouvelles lignes de transports en commun... Malheuresement, le gérant de la branche PTV en bulgarie ne donne plus de nouvelles depuis mars 2007 et il s'excuse. Alors on va attendre, un mois puis deux, enfin on partira l'été pour se calmer et espérer...

Reportage : Sofia en «Marchroutka»

Le meilleur moyen d'arriver à destination à temps, c'est de monter dans une "marchroutka" (mini-bus). Bien qu’en semaine ce moyen de locomotion soit assez douloureux puisque bondé d'étudiants, de travailleurs, d'hommes et de femmes âgés... on arrive à ses rendez-vous toujours à l'heure!

L'affaire est simple, il suffit de tendre la main à un moment ou un autre pour que la "marchroutka" apparaisse de nul part et qu'elle vienne vous cueillir comme une fleur.
Installez-vous, payez 1 leva 50 au chauffeur en vous penchant en avant pour ne pas tomber (comme au ski). Admirez le paysage ou les voitures bloqués par les embouteillages. Soyez sans crainte, la "marchroutka" connaît tous les petits chemins pour passer à travers les bouchons.




Une fois arrivé à destination, faites signe au chauffeur que vous voulez descendre et il s'arrêtera comme ceci.


Comment expliquer le conte de fées des "marchroutka" de Sofia ?
Il existe une cinquantaine de lignes de "marchroutka" à Sofia. Chaque ligne se compose de cinq mini-bus. Chaque chauffeur à un temps de traversé à respecter, s'il ne le respecte pas, il sait que tous ses collègues vont lui tomber dessus et qu'il va perdre des points sur son salaire.

Alors tous les moyens sont bons pour éviter les feux rouges, les bouchons, les contrôles de polices et surtout pour appuyer à fond sur l'accélérateur. Les passagers volent, ils font preuves de grande capacité d'équilibriste, de patience et de sérénité. Enfin tout le monde souffre, surtout en semaine, les chauffeurs par trop de stress et les voyageurs de courbatures.

Une question persiste : Souffrir de courbatures dans les "marchroutka" ou souffrir de colère et d'impatience dans les bouchons ?

Reportage : un bouchon au goût bulgare

Impossible de rejoindre son travail le matin à Sofia ? Notre reporter a testé pour vous l'enfer de la route. Récit d'une galère.

En cette fin de novembre dans la capitale bulgare, il fait assez doux et le soleil tape fort dans les pare-brises. Pourtant la nuit il a fait –5° et la gelée est à redouter, surtout dans les petites rues de quartier, où le soleil a du mal à se frayer le chemin. Il vous faut entre 5 et 10 minutes pour sortir sur une grande artère, soit un parcours de 300-400 mètres.

Dès le premier carrefour, le problème surgit : une charrette à cheval (pourtant interdites en centre-ville) se trouve en plein milieu, bouchant la voie à ceux qui ont la priorité et donc les autres passent sans attendre. Ca y est, un premier micro-bouchon de quartier se forme déjà, à peine sorti de chez vous.

Ce premier obstacle franchi, vous vous retrouvez devant un nouveau casse-tête : un coquin a enlevé le panneau de sens interdit au bout de la rue, ce qui fait que vous avez une avalanche de voitures qui se précipitent sur vous, en contre sens. Aucun moyen d'avancer : dans la bande de droite, des voitures sont garées. Tout de même, vous profitez d'un moment où il n'y a plus de voitures en face et vous foncez. Attention quand même, d'abord, au verglas, et puis, aux piétons qui sont sur la voie, car les trottoirs sont encombrés soit par les voitures garées dessus, soit par des tas de détritus et de boue des chantiers voisins.

Entre temps, une voiture se montre déjà en face de vous et vous serrez votre petite Polo vers les poubelles qui vous laissent un petit espace entre les voitures garées. Heureusement celle d'en face n'est pas une de ces grosses 4x4, très à la mode ces derniers temps en Bulgarie post-communiste, et elle arrive à passer. Ouf! Vous voyez enfin la lumière au bout... de la rue. Vite fait, vous voila déjà sur la grande artère et, quatre ou cinq feux rouges (environ 5 minutes d'attente chaque fois), autant de carrefours plus loin et 40 minutes plus tard, vous avez parcouru 4,8 kilomètres. Entre temps, deux grosses limousines vous auront fait des queues de poisson pour vous dépasser et se faufiler devant vous en freinant juste devant un feu rouge.

Au bout de votre parcours vous constatez qu'un nouveau service pour l'installation d'alarmes pour voitures est crée pas loin de l'administration centrale de Police routière où se font les nouvelles immatriculations. Un gros camion est là, avec trois nouvelles voitures à décharger. Il bloque complètement le passage, mais ça n'a pas l'air de déranger les policiers à deux pas de là. Et une nouvelle file d'attente se forme devant le carrefour, juste en face des voitures qui attendent d'être immatriculées...

Bouchons : les politiques réagissent


Nous avons pu interviewer des membres de la commission de transport dans le Parlement sur le problème des embouteillages dans la capitale.



Ivan Ivanov, Commission de transport parlementaire, groupe du parti DSB, opposant au Parlement : "On a de très bonnes lois mais personne ne les respecte!"

Les causes des embouteillages:
Pendant 50 ans, il y avait en Bulgarie de très nombreuses formalités pour avoir le droit d'avoir une automobile. Voilà pourquoi le nombre des voitures retsait limité. Depuis la chute du communisme, les formalités se sont réduites et le nombre des voitures a brusquement augmenté. Par contre, en ce qui concerne l'infrastructure, les rues et les boulevards, rien n'a changé.

Les solutions : la municipalité devrait construire...

  • des autoroutes à haute vitesse autour de la ville pour qu'on puisse se déplacer d'un côté de la ville vers l'autre sans être obligé de traverser le centre en voiture;
  • au moins 10 parkings souterrains au centre-ville;
  • un système pour synchroniser les feux rouges pour obtenir une "vague verte";
  • des petits ponts pour les piétons sous ou bien au-dessus des rues à la place des feux rouges.
La loi est-elle efficace?
On a une très bonne loi sur le transport routier mais malheureusement personne ne la respecte.
Par exemple, le Parlement a imposé des tests techniques réguliers pour les voitures afin qu'on soit sûr que l'air ne soit pas trop pollué. Mais vous savez que cette procédure n'est pas respectée. Tout le monde passe le test, mais sans réel contrôle. Je ferai quelques propositions pour changer la loi. Je veux que l'Assemblée nationale interdise aux chauffeurs de conduire dans les lignes de transport public. On doit introduire aussi des sanctions pour les municipalités qui ne maintiennent pas les routes car à Sofia, par exempl,e toutes les rues sont cassées.


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Mitko Dimitrov, Commission de transport parlementaire, groupe d'Ataka, parti d'extrême-droite : "Il faut changer la Loi du transport routier"

Les panneaux publicitaires et les containers qui sont disposés partout dans les rues sont la raison des embouteillages. On doit interdire ça avec la loi d'aménagement du territoire. On doit changer aussi beaucoup de choses dans la loi sur le transport routier mais on ne peut pas réaliser nos idées à cause de la majorité parlementaire qui ne pense pas aux citoyens.

Roumiana Markova : "Les règles sont là, il suffit de les appliquer!"

Roumiana Markova est journaliste à la Radio Nationale Bulgare dans la section française des émissions pour l'étranger. Elle suit de près les problèmes du transport urbain.

Comment expliquer ces embouteillages monstres ?
Les embouteillages à Sofia sont dus non seulement au nombre grandissant des voitures, mais également à un manque chronique de stratégies de transport urbain. La municipalité n'a jamais élaboré une telle stratégie, dont on a absolument besoin. Bien sur, ça demande de l'argent, mais tout exige de l'investissement. Et comme les personnes là-bas sont chargées du bon fonctionnement du transport urbain, c'est à eux d'élaborer une stratégie à moyen termes et à plus long échéance.On est toujours en train de parer au plus pressé et finalement il n'y a rien de valable.
En ce qui concerne les voitures - il y en a trop à Sofia non seulement parce que la population augmente, mais aussi parce que s'est un signe de prestige - aller au travail avec sa propre voiture. Sofia a été conçu pour etre une ville de pas plus de 500 000 habitants. Aujourd'hui elle est devenue vraiment un mégapole pour les dimensions de la Bulgarie. Et puis, beaucoup de gens qui sont venus chercher du travail au capital logent dans les banlieues et ils prennent leurs voitures pour aller travailler le matin.

La municipalité a annoncé que les experts sont en train d'élaborer une stratégie de transport urbain. Quelles sont les mesures à prendre en attendant ?
D'après moi le covoiturage pourrait faire son chemin, mais là il faut changer la mentalité des gens. Il faut qu'ils pensent d'une autre manière, parce que ce n'est pas la peine d'aller en voiture chaque matin tout seul quand on peut propose ça aux voisins qui sont dans la même direction. Et se partager aussi les frais. La municipalité doit aussi sans doute penser à accélerer les traveaux de construction du métro - jusqu'à présent il n'y a qu'une seul rame qui relie le quartier de Lulin au centre-ville. Il faudrait aussi faire des pistes cyclables. C'est mieux non seulement pour éviter les bouchons, mais aussi parce que en faisant du vélo, on fait de l'exercice !

Des voitures garées sur les trottoirs, des pietons marchant au milieu des rues - peut être on peut commencer par remettre les choses à leurs places?
La circulation à Sofia est vraiment indiscriptible le matin et le soir : c'est épique! Il n'y a pas que les voitures garées sur les trottoirs et les pietons qui marchent au milieu des rues, mais aussi tout le monde qui passe au feu rouge. Personne ne fait attention aux panneaux ! Puis, les voitures roulent sans respecter les droits des pietons et les pietons traversent soit comme des escargots, soit en courant comme des fous. Là, encore une fois il faut changer la mentalité. Malheureusement, on n'a pas la panacée. Et en attendant que les choses changent, le moindre qu'on puisse faire, c'est de respecter les règles. Puisque les règles sont là et parfois il suffit de les appliquer!

Borisov : "J'ai besoin de 3 milliards de leva pour résoudre le problème des embouteillages"

La municipalité de Sofia a besoin de 3 milliards de leva pour résoudre le problème des embouteillages. C'est ce qu'a déclaré le maire de la capitale Boiko Borisov. Lors d'une conférence de presse, il a presenté son programme qui doit assurer le réglage du traffic. Le projet doit être accompli avant la fin du mandat dе Borisov en 2011.


D'où vont venir les ressources ?

  • 1,2 milliards : du budget de la municipalité,
  • 900 millions : du budget de l’Etat,
  • 700 millions: des fonds de l'Union Européenne.

Comment seront utilisées ces ressources ?
  • réorganisation du transport public, renouveler le park d'automobiles du transport urbain,
  • achever la construction du métro pour atteindre jusqu'à la station d'Interprède,
  • édifier des parkings gratuit autour du métro,
  • créer une Agence du traffic et une police municipale dédiée à ce problème en collaboration avec le Ministère de l'intérieur.

Et en attendant ?

En attendant de réaliser ses belles promesses, Boiko Borisov donne l'exemple : il se prépare à marcher à pied pour alléger le traffic à Sofia.

Crédit : Hristo Tanev, photographe au "Standart"

samedi 1 décembre 2007

Des bouchons... aussi à Sarajevo

Si vous débarquez à Sarajevo-ouest, vous serez coincé dans un embouteillage qui n'a rien à envier à Sofia. Comment est-ce possible que l'on ne puisse accéder à la capitale de la Bosnie-Herzégovine que par une simple route à deux voies ?


Corridor Vc en construction

Il y a vingt ans, cette banlieue était un terrain vague, ce n'est que tout récemment que la ville s'est élargie dans le sens ouest. Au temps de l'ex-Yougoslavie, Sarajevo a vécu une très grande expansion, et le besoin de connexions routières entre les quartiers éloignés s'est fait fortemment ressentir. Mais la capitale bosnienne souffre aujourd'hui d'une athérosclérose et d'une pneumonie atroces.

Les travaux de construction de quatres voies qui étaient censés avoir lieu en 1992, ont été arrêtés à cause de la guerre. Aujourd'hui, on ne voit que de tristes piliers qui, jadis, étaient destinés à supporter des viaducs.


Bouchons à l'entrée à Sarajevo

Les Allemands et les Sarajéviens au même feu rouge

Tout cela fait que l'autoroute internationale M-17, autrefois éloignée de Sarajevo, mais qui aujourd'hui le traverse, est devenue l'intersection du trafic internationnal et local. En clair, un Allemand, qui s'en est allé au bord de la mer Adriatique, et un Sarajévien, allant s'acheter du lait dans un magasin voisin, se retrouvent sur le même carrefour et s'arrêtent au même feu rouge.

Cela fait que d'affreux embouteillages se créent. Le niveau de pollution a atteint un niveau jamais enregistré ces dernières années.

Si la guerre a pu servir de prétexte aux autorités de la région de Sarajevo, il ne peut aucunement justifier le fait que, 12 ans après la guerre, ces piliers ne servent encore que pour les graffiti.



Des projets qui promettent

Cependant, la bonne nouvelle est que la construction a tout de même commencé cet hiver. L'échéance est fixée pour le début 2009. Autre fait encourageant : la section de l'autoroute sur le corridor Vc a été finalisée avant la date fixée, sans excéder le budget. Quand on veut, on peut...

Ailleurs, c’est pire...

A Sofia tout le monde est mécontent du trafic et on ne se rend pas compte que la situation puisse être pire. Quelques grandes villes du monde le prouve.

Shanghai (Chine) - plus de 18 millions d'habitants


Hanoi (Viêt Nam) – environ 3 million d’habitants



Bagdad (Iraq) - environ 5 millions d'habitants


Le Caire (Egypte) - plus de 10 millions d'habitants


Saïgon (Viêt Nam) - plus de 7 millions d'habitants


vendredi 30 novembre 2007

Et si les voitures d'occasion étaient la source de tous les problèmes ?

Les bouchons à Sofia s'expliquent surtout par l'explosion du nombre de voitures dans la capitale bulgare. Acheter une voiture d'occasion n'a jamais été aussi peu cher. Un journaliste bosnien se glisse dans la peau d'un couple de jeunes Sofiotes pour essayer de comprendre leurs rêves automobiles.


La Daewoo Matiz, envahit les marchés des Balkans

Un jeune couple vient de se hasarder à un emprunt bancaire. Ils veulent s’acheter un appartement, et, vu qu’ils habitent en ville, ils ont forcément besoin d’une voiture. Du coup, se pose la question : aller chez un vendeur General Motors, et acheter une voiture promise à la casse dans quelques années ; ou reprendre l’exemple de leurs ancêtres, qui, à travers des générations, ont su apprécier les grandes marques allemandes ?

Si le couple a un esprit ouvert, et qu’il n’a pas de préjugés envers les produits asiatiques (NDLR : les voitures General Motors sont fabriquées en Asie), alors, la réponse est bien facile. Par contre, s’ils entrent dans un magasin Volkswagen pénétrés d’un profond sentiment de révérence, comme le sont les touristes chinois qui entrent pour la première fois dans « la Capella Sistina » de Vatican, alors, la seule possibilité est d’en importer une de l’un de pays occidentaux.

Une Golf neuve étant dans le domaine des rêves pour la plupart de gens de l’Europe du sud-est, la seule option est de s'en procurer une d’occasion. Tant mieux, car elles sont plus durables. Ne vaut-il pas mieux opter pour une voiture qui durera trois fois plus?! Tant pis si elle soit conforme aux normes EuroNCAP ou pas, sans parler du niveau de pollution.

Chaque année, 300 000 voitures vivent ainsi une nouvelle vie, d'après les chiffres du portail serbe B92. Sans que leur nouveau propriétaire ne se demande jamais pourquoi un tel joujou a été ainsi abandonné par son ancien propriétaire...

Sa divinité la Golf 2
En Bosnie, à cause d'une importation de voitures irraisonnée on a dû, en 2000, limiter l'âge de la voiture adoptée à 7 ans, ce qui a attenué le coup dans une certaine mesure. Cependant, depuis la fin de la guerre en 1995, les fidèles, spirituellement soumis à Sa Divinité, la Golf 2 (dont la production a cessé d'ailleurs en 1991), avaient réussi à faire en sorte qu'elle devînt le modèle le plus fréquent dans le pays.

D'après l'interview du portail bosnien 'e-kapija' avec Slobodan Zupljanin, président de la chambre de commerce de la Bosnie-Herzégovine, cette tendance se réflète catastrophiquement sur le niveau de sécurité sur les autoroutes du pays. Les recherches conduites par "Gfk Bosnie" montrent que la moitié des Bosniens, histoire de garder le niveau avec le Cuba, ont les voitures âgées entre 16 et 20 ans.

Bien qu'ici, le problème principal soit celui des embouteillages, il faut aussi aborder celui de la qualité des automobiles qui cahotent sur les routes des Balkans. Car les deux problèmes sont liés : le piètre état du parc automobile bulgare ralentit encore le trafic.

La clef de ce problème ne se trouve qu'aux mains d'autorités de la ville, qui, évidemment, pourraient s'occuper davantage de l'infrastructure et de la circulation à Sofia.

Mais que peuvent faire les Sofiotes ?
D'une manière ou d'une autre, les habitants de la capitale bulgare sont obligés de posséder une voiture, et le manque du parking n'est aucunement leur faute. Cependant, ce qu'ils peuvent bien faire, c'est de se soucier plus de paramètres modernes lors de l'achat d'une voiture, tels le niveau de pollution, le nombre d'étoiles au crash-test, ou, tout simplement, l'état technique de la voiture. Comme cela, au moins, seront réduits les embouteillages dûs aux pannes ou aux accidents.

Notre jeune couple bulgare ferait bien de soucier de ces paramètres - là, et d'accepter le fait que les Coréens eux aussi font des automobiles de même qualité que les Allemands ou les Français, donc, conformes aux normes internationales, neuves et pas trop chères. Il faut insister sur ce point parce que une Peugeot d'occasion vaut le même prix qu'une Hyundai neuve, qui est complètement conformé elle aussi aux normes européennes de pollution, sécurité ou d'autres paramètres techniques.

Si notre jeune couple ne prodigue pas de soins aujourd'hui, ce sera probablement à leurs enfants de payer la facture...